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Présentation de la ville

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Par son site, sa position géographique, son cosmopolitisme, l’histoire de la ville de Douala dans le Cameroun est singulière. En effet, Douala, ville portuaire a été et est toujours la principale porte d’entrée et de sortie du Cameroun. Son adossement à l’Océan Atlantique va l’arrimer très tôt au monde atlantique d’abord par la traite, puis plus tard par le commerce dit légitime (ivoire, huile de palme). Les Portugais, qui sont les premiers européens à visiter l’espace occupé par les Duala donnent au fleuve wouri, le nom de Rio dos Cameroes, qui par altération devient Cameroons, puis Kamerun et enfin Cameroun. C’est dans cette ville que les premiers missionnaires de la Baptist Missionary Society (Joseph Merrick, Jackson Fuller, Alfred Saker,) s’installent et développent une importante activité pastorale : évangélisation des peuples de la côte, construction des temples, traduction de la bible en langue duala, formation des premiers pasteurs camerounais. C’est ici également que les Allemands signent le traité de protectorat. Ce traité entre les chefs duala et les Allemands, signé le 12 juillet 1884 donne le coup d’envoi de la colonisation et de la constitution progressive de l’entité territoriale camerounaise. Le gouverneur allemand Von Puttkamer par un décret signé le 1er janvier 1901, fait de Douala, la première capitale du Cameroun. Sur ces mêmes faits, elle lègue son nom d'origine (Kamerunstadt) à l'ensemble du pays. Sous les administrations allemande et française, Douala devient le siège des grandes firmes coloniales (Woermann, Jantzen und Thörmalhen, PZ, RW King, SCOA, SHO, CFAO…), et la tête de ligne de la plupart des transports du territoire. Les activités économiques qui se diversifient provoquent les migrations des peuples de l’intérieur en quête d’emplois. Grâce à ce vivier, Douala devient le creuset du mouvement ouvrier, puis de la contestation politique. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Douala accueille le quartier général de la France Libre en Afrique, et est également le point de départ de plusieurs missions militaires conduites par le Colonel Leclerc en route pour l’Afrique du Nord et l’Europe. Les populations de Douala particulièrement frondeuses jouent un rôle d’avant-garde dans le combat pour l’indépendance et la réunification. De son histoire multiforme, Douala a hérité un patrimoine riche et varié, à la fois matériel et immatériel qui fait d’elle une exception plurielle au Cameroun et en Afrique. Par exemple, une partie de la ville reste jusqu’aujourd’hui marquée par la volonté des pouvoirs coloniaux successifs d’inscrire chacun son action dans les rues et les places publiques et d’exposer les faits glorieux de son histoire. La question que l’on peut d’ores et déjà se poser est celle de savoir si le temps s’est arrêté à Douala depuis cette époque coloniale ? Qu’ont fait les pouvoirs postcoloniaux successifs pour inscrire notre propre histoire dans du marbre ? Or c’est un truisme que de dire que les lieux de mémoire, sont indispensables à la construction d’une conscience nationale. Peut-on parler d’une crise de la mémoire historique à Douala ? Aujourd’hui, une immense et urgente tâche de sauvegarde et d’inventaire de ce patrimoine considérable s’impose aux historiens camerounais. Car, sa perte constituerait un dommage irréparable pour la mémoire collective des Camerounais. Or, à l’observation, force est de constater que la « bataille » de l’architecture est en passe d’être perdue car nombre de pièces de ce patrimoine historique ont été détruits ou sont dans un état de dégradation très avancée. Les archives publiques et privées ont disparues et dans le cas où elles existent, elles sont dans un état de déliquescence avancée. Nous n’oublions pas le patrimoine immatériel qui subit chaque jour l’usure du temps et les attaques de la modernité.